• Christine de Pizan ----- Poètesse et Féministe médiévale - Poissy












    Christine de Pizan
    La première écrivaine professionnelle féministe française
    est morte à Poissy en 1430, au Prieuré
    ( actuelle Ecole Notre-Dame)





    Christine de Pizan ( francisé en Pisan)

    Née à Venise en 1364, son père était Médecin et Maître en Astrologie à l'Université de Bologne.
    Tommasso di Benvenuto da Pazzano est appelé à Paris en 1368
    par le Roi  Charles V qui veut utiliser ses dons de voyance.

    Très érudite, elle épouse  Etienne de Castel, secrétaire du roi, en 1379 puis devient veuve .
    Trois enfants, sa mère, deux soeurs et des parents à charge...
    Toute sa vie, femme seule, elle sera en procès pour dettes et chicanes juridiques diverses.
    Elle n'a pas le choix, doit se procurer des ressources; elle écrit.
    Le poème ci-dessous est tiré du Livre des Cent Ballades, qui remporte un vif succès.
    Elle rédige des textes philosophiques, politiques, moraux, militaires
    et a le cran de s'opposer à Jean de Meung
    à qui elle reproche de donner une mauvaise image de la Femme dans le Roman de la Rose.



    Ballade

    Seulette suis et seulette veux être,
    Seulette m'a mon doux ami laissée.
    Seulette suis, sans compagnon ni maitre
    Seulette suis, dolente et courroucée,
    Seulette suis, en langueur malaisée,
    Seulette suis, plus que nulle égarée,
    Seulette suis, sans ami demeurée.

    Seulette suis à huis ou à fenêtre,
    Seulette suis en un anglet muciée,
    Seulette suis pour de pleurs repaître,
    Seulette suis, dolente ou apaisée,
    Seulette suis, rien n'est qui tant messiée,
    Seulette suis en ma chambre enserrée
    Seulette suis, sans ami demeurée.


    Seulette suis partout et en tout aître,
    Seulette suis, que je marche ou je siée,
    Seulette suis, plus qu'autre rien terrestre,
    Seulette suis, de chacun délaissée,
    Seulette suis, durement abaissée,
    Seulette suis, souvent toute éplorée,
    Seulette suis, sans ami demeurée.



    Prince, or est ma douleur commencée :
    Seulette suis, de tout deuil menacée,
    Seulette suis, plus teinte que morée,
    Seulette suis, sans ami demeurée.


    Christine de Pisan

    muciée : cachée  -  messiée  :  gardée ( ?)
    aître  :  parvis et asile  en église  -  morée  : brune de teint

    Le Prieuré tout près de


    Notre-Dame de Poissy, lieu du Baptême de Louis IX (St Louis)








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  • Commentaires

    1
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 07:45
    sonja
    Bonjour
    Une tournure poétique bien étrange. Mais comme elle écrivait bien. Quel parcours, et que de monde à sa charge. Mais quel courage aussi
    Bonne journée
    2
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 10:35
    kasimir
    C'est encore une fois parfait !
    Avec simplicité tu nous fais, en quelques lignes, découvrir une femme courageuse, sensible, lucide, pleine d'humour.
    Son poème tinte comme une clochette d'argent.
    Bravo druidesse, et merci.
    3
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 10:56
    sittelle
    Tu as raison, la répétition n'est pas lourde, paradoxalement ! quelle dame ! Bonne journée, merci Sonja
    4
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 10:58
    sittelle
    Je suis contente que tu aimes cette belle Italienne qui écrivait un si beau françois ! merci, Kasimir, très bonne journée, peut-être en poésie ?
    5
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 11:20
    Catherine Delhom
    superbe! bel hommage à une femme si lointaine dans le temps...
    dans la vie pas tant que ça, les choses sont-elles différentes?
    seulette je suis
    seulette je demeure aussi
    merci de nous la faire connaître, je connaissais son nom, mais c'est tout !
    bonne journée
    6
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 11:27
    sittelle
    Merci Catherine; à travers le temps, elle nous est proche et fraiche, notre Christine. Seulette suis, seulette tu es ? non, nous sommes tous ici, un tout petit peu avec toi En plus de ses fardeaux, honnêtement, le climat a dû bien accabler l'Italienne... Un peu comme Aliénor d'Aquitaine qui haissait le maigre chauffage au charbon anglais fumant
    7
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 20:37
    eMmA

    Par delà les siècles, je suis ravie d'avoir fait connaissance avec cette femme de lettres, qui malgré sa solitude et toutes les difficultés qu'elle a dû rencontrer, a pu nourrir les siens grâce à ce beau talent de plume.
    Merci sittelle de nous l'avoir fait découvrir et au son d'une musique venue de la nuit des temps...

    8
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 20:47
    sittelle
    Merci à toi, eMmA ! tu es une conteuse, ne l'oublions pas ...  bonne soirée !
    9
    Vendredi 11 Septembre 2009 à 22:45
    Amaury
    Je ne connaissais pas du tout et l'église me parait très belle. Vivement les belles écritures médiévales en tout cas.
    10
    Samedi 12 Septembre 2009 à 06:02
    nadia-vraie
    Très intéressant ton article.C'est beau que tu fasses découvrirles grandes du passé car bien souvent elles ne sont pas connues.je me pose une question,dans cette période les femmes pouvaient publier avec leur vrai nom?
    à bientôt Sittelle.
    11
    Samedi 12 Septembre 2009 à 09:20
    sittelle
    Mais oui, Nadia, les femmes avaient leurs droits quasi complets au Moyen-Age; on avait des ateliers tenus par des femmes (enluminure, certaines broderies, il faudrait rechercher correctement),elles menaient leurs affaires propres, en leur nom.
     Après, jusqu'à  Napoléon I° qui a scellé la femme juridiquement comme mineure perpétuelle avec notre vilain Code Civil, elles ont été rabaissées au niveau des enfants, et encore.
    Bon dans la vie civile, parce que dans l'Eglise... à part quelques fortes abbesses (Hildegarde, Ste Thérèse d'Avila et d'autres) qui avait dix fois plus de cervelle. Les femmes étaient parquées à Gauche dans les églises; à gauche(sinistra), le mauvais, le Malin . Et encore quand j'étais gamine à la messe, les filles à gauche !
    12
    Samedi 12 Septembre 2009 à 09:25
    sittelle
    Amaury, tu aimeras Poissy et la cathédrale; les fonts baptistaux où Saint Louis a été baptisés sont tout usés : les pélerins dès sa mort venaient et grattaient la pierre pour l'avaler dans un breuvage...
    13
    Dimanche 13 Septembre 2009 à 20:35
    nadia-vraie
    je lis ta réponse Sittelle,je suis surprise que tu aies connu les filles à gauche dans l'Église???je suis certaine être plus âgée que toi et ici,cela n'existait pas.je crois que c'était plus sévère en France?
    J'ai lu il y a quelques années que la femme est devenue une personne vers les années 1928,dans les textes de loi.C'est vraiment enrageant.
    Je ne savais pas qu'au moyen âge la femme était considérée,reconnue.
    ke suis contente de te connaître aussi Sittelle.
    Amicalement et à bientôt
    14
    Dimanche 13 Septembre 2009 à 21:38
    sittelle
    Oui dans notre église St Maclou de Pontoise donc dans les années 60, encore après Vatican II, les femmes allaient à gauche; ça s'est mélangé ensuite, quand on a enlevé les foulards (! à la messe, pas le voile, pas la burka tout de même !!!)
     et que les filles ont pu mettre un pantalon au lycée ! ça, après mai 68 !
    c'était très catho-bourgeois.
    Mais je connais une paroisse traditionnaliste à Versailles... encore...
    Les Françaises n'ont pu voter qu'à partir de 1946, grâce au Général de Gaulle. Bien tard pour le premier pays républicain qui veut donner des leçons ...
    Je t'embrasse, Nadia
    15
    Mercredi 2 Juin 2010 à 18:24
    eleonor

    as tu une idée de la mélodie de cette balade?

    je cherchais la dame au carosse j'i trouvé une femem éclairée qui dit que le moyen age est siècle obscur!

    16
    Mercredi 2 Juin 2010 à 20:34
    sittelle

    J'y vais, parce que j'ai oublié la mélodie; obscur le Moyen Age ?... j'ai la bio de Christine Pizano par Régine Pernoud, je remets la main dessus et te l'envoie si tu veux.  

    C'est une mélodie qui me rappelle les chants des troubadours du XIII°, tels que j'en avais trouvés à Tulle; influence arabe des croisades, il me semble ? qu'en penses-tu ?

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