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Par sittelle le 30 Octobre 2009 à 05:34
C'est la Fête ! ta fête, pauvre goret...
Juste avant la Toussaint
On tue le cochon...
vers 1890, presque tout le monde dans
les villages élève un porc, le goret
Il a été acheté, tout petit en septembre,
à la Foire ou au marché
à Magny, La Roche-Guyon, Mantes, Dammartin ou Houdan,
ou bien à des marchants qui passaient à dates fixes avec des troupeaux
de quinze à vingt porcelets...
Tout rose, on l'a installé dans la "souette " paillée.
On en achetait un autre à la Foire St Martin à Pontoise, le 11 novembre
Pour 5 F, et on le rapportait traditionnellement
enfermé dans un sac... pauvre bête
Pommes de tere cuites à l'eau grasse, son,
restes de cuisine et laitages ( du bon lait )
l'ont fait grossir ;
la tinette ( le saloir en grès ) tire à sa fin...il est temps
Il pèse dans les 250 à 300 ! (en livres : moitié en kg )
Comme maintenant, le cochonnier ou " eul' tueux de cochon"
est un ambulant qui fait du " rabiot "
" Eul' Jean, y tue les cochons comm' son père
et fait l'andouille comme son grand-père "
Femmes et enfants pleurent... merci, les oignons
(c'est pour le boudin...)
Bon, passons les détails de la tuerie...
le porc devenu cochon donne son sang, recueilli dans une poêle
à longue queue et salé immédiatement.
Un grand feu dans la cour et on grille la bête,
on la bouchonne ; la couenne est nette
Les enfants dégustent les " cacots " grillés, l'intérieur des sabots
Dans le cochon, tout est bon,
on doit bien le dire dans la France entière
et ailleurs.
Tous frères en cochon,
en quelque sorte, à travers le monde !
Les tinettes* en grès
sont ébouillantées avec de l'eau aromatisée de
thym, sauge, lavande et laurier
Au fond : une couche de gros sel gris, viande, sel, viande...
on bouche avec un couvercle de bois et au cellier ou au fournil
Alors, le travail fini, à table !
et que commence la boudinée... ou "l'âme du cochon "
la journée a été dure pour grands et petits,
parents, amis et voisins
( oh mais, à charge de revanche, on attend le retour )
on portera à ceux qui n'ont pu venir, aux parents âgés,
de l'échine, du boudin et des saucisses
Menu
Soupe avec le bouilli
Tête et oreilles grillées
Pâté de foie et de hure
Boudin, saucisses
Jambon, côtelettes
Pas de légumes...
mais pour faire passer, on verse
" Le coup du milieu "
( chez les voisins Normands, c'est le " Trou Normand " )
une bonne lampée d'eau-de-vie de prune,
bien âpre au gosier,
mais " Velours sur l'estomac "
( le Vin Postillon nous avait capté l'expression pour la "réclame")
L'heure tourne, la fatigue est là.
C'est le cochonnier qui donne le signal du départ, il est tard.
Mais avant, il n'oublie pas de souffler
la vessie de porc
et de la suspendre ( plafond ou cheminée)
car elle servira de blague à tabac
( mon grand-père avait son pied de tabac dans le jardin,
avant le Monopole de la SEITA )
La boudinée est finie... deux par an
On recommencera donc dans six mois :
la semaine d'avant Pâques et aux environs de la Toussaint
Commentaire d'Eugène Rougeatre vers 1938, nostalgique :
( Vie rurale dans le Mantois et Vexin au XIX°)
" Aujourd'hui, l'âme du cochon a disparu
de nos moeurs; elle s'est envolée dans les limbes
où seul Gargantua erre avec mélancolie "
En ce début du XXI°, tout est normalisé, aseptisé.
Il est difficile d'élever sa bête, je ne sais même pas
si c'est légal ?
L'abattoir est là, avec des techniciens,
des règles, des taxes, des contrôles,
du sanitaire, du scientifique...
la chaleur des réunions n'est plus
Paix à l'Ame du Cochon
* autre sens à " tinette " : seau hygiénique...en métal, plus tard !
Le tout à l'égoût n'a été généralisé que dans les années '70
C'était un peu de tout cela, la vie des petites gens...
28 commentaires -
Par sittelle le 27 Octobre 2009 à 09:28
petit clin d'oeil à Louis de Funès et Jacques Villeret : La Soupe aux Choux !
Comment mangeait-on
entre les deux guerres en
1936
année du Front Populaire, des grèves, des congés payés...
dans la campagne de l'actuel Val d'Oise ?
Incursion dans un passé récent, près de Pontoise,
dans un beau village de 365 habitants répartis en 123 feux
COURDIMANCHE
Les heures sont toujours comptées au soleil
l'heure d'été n'étant pas encore adoptée.
Il faut ajouter une heure pour avoir notre heure actuelle
5 h 1/2 : petit-déjeûner
8 h : casse-croûte
11 h 1/2 : déjeûner
16 h , mais de mai à novembre seulement : casse-croûte
18 h 30 l'hiver , une heure plus tard l'été : dîner
Cet horaire des fermes est adopté en général par tous
Que mange-t-on ?
Ce serait intéressant de comparer avec vos régions...
Avant le départ dès 5 h :
café au lait
pour tout le monde !
Sur le coin du fourneau à bois et charbon
adopté depuis une cinquantaine d'années.
C'est le Patron, le fermier qui le prépare
Il le moud, au moulin à café; c'est dur, faut un homme !
Il met à bouillir l'eau, le café et la chicorée.
Après ébullition il filtre et
ajoute du lait ( moit' - moit ' : 50 % de chaque )
Certains font bouillir le café dans le lait :
c'est le " Café à la Bonne Femme "
Chacun remplit son bol et se sert de pain à discrétion.
Les ouvriers le coupent en petits-morceaux
et en font une sorte de soupe
Le réseau électrique communal a été construit en 1925;
en 1931 : installations de fours électriques
dans les deux principales fermes.
Bien modernes, déjà. Mais ces fermes étaient très prospères.
Tout près , les terres et "une cueillette "
sont toujours la propriété d'une famille
qui devait mater des rebellions paysannes au Moyen-Age...
Les ouvriers emportent leur casse-croûte
et s'arrêtent une demie heure à 8 h et 16 h
pour le manger sur place
pain et lard le matin
et à 4 h pain et fromage
(camembert normand je suppose, faciles à garder,
les traditions perdurant
et les fermiers de Gisors venant aux marchés de Pontoise)
beurre salé ou pâté de foie
Les deux grands repas sont pris désormais à la maison :
les employeurs qui ont tous une automobile ramènent leurs ouvriers
mais ne les nourrissent plus. Par contre ils sont logés.
La besogne est distribuée de telle façon que
même les charretiers puissent aussi revenir.
Les salaires sont calculés en conséquence :
20 à 22 F par jour pour les ouvriers non logés
18 à 20 F en cas de logement
8 à 10 F pour un employé nourri et logé
Grâce à Latil ( lien ci-contre dans la liste) que je remercie,
10 F de 1936 sont l'équivalent de 6,69 euros de 2008
Les ménagères ne tiennent pas table ouverte...
Exception ( déjà vue aux moissons )
Du blé ! 1/ la moisson en Vexin et Mantois
les Ch'tis, les Belges
saisonniers- betteraviers - moissonneurs
qui travaillent aux pièces, dès 3 h 1/2 du matin...
Ils viennent le soir chercher
soupe et légumes cuits réservés pour eux
Voici une semaine de menus dans une des
deux grandes fermes de Courdimanche en 1936
On apprend beaucoup en les étudiant ...
La " Marée " arrive donc bien ...
Lundi : soupe au chou - raie au beurre noir - pommes de terre - salade - café
Soupe à l'oseille - matelote d'anguilles et oignons - confiture - 1 verre de vin
Mardi : radis- poulet - purée de pommes de terre - salade - café
soupe aux légumes - restes du midi - oeufs - salade - 1 verre de vin
Mercredi : Soupe aux choux - Ragoût de mouton - lentilles - salade - café
Soupe au porc - légumes - confiture - 1 verre de vin
Jeudi : radis - lapin aux pommes de terre - salade - café
soupe aux poireaux - reste du midi - nouilles - salade - 1 verre de vin
pas de poisson mais on " fait maigre "
Vendredi :Soupe aux choux - omelette aux pommes de terre - salade - café
soupe à l'oseille - riz au lait - confiture - 1 verre de vin
Samedi : radis - entrecôte - frites - salade- café
soupe au boeuf - pot-au-feu - confiture - 1 verre de vin
Il y avait de nombreuses cressonnières
dans la vallée de la Viosne, tout près
Dimanche : sardines - rôti de boeuf - pommes de terre au beurre
salade- 1 verre de vin et café
soupe aux choux - restes - cresson - crème - 1 verre de vin
2 épiciers en boutique au village et 10 épiciers forains...
On utilise les conserves (sardine-saumon-jambon-légumes)
pâtes-fruits secs
Beaucoup de salariés actuels
n'ont ni les moyens financiers
ni l'offre en restaurant d'entreprise
(quand il y en a )
pour bénéficier ces repas variés, copieux
, (mais bien-sûr destinés à des travailleurs de force,
en plein air par tous temps )
somme toute bien équilibrés. Sans conseils diététiques...
les plats traditionnels étaient ajustés d'instinct et avec bon sens,
aux besoins et aux ressources,
dans toutes les cuisines régionales
Je ne trouve pas mention de la Rincette...
ni la goutte, l'eau-de-vie, la prune, la poire,
les larmes de nos pommiers : le Calva...
La Fête à l ' Andouille Vexin / Recette
L'article source est tiré du Bulletin
de la Société d'Etudes Historiques, Géographiques et Scientifiques
de la région parisienne de Juillet 1936, rédigé par A. Parrain
directeur d'écoles... soit la "Patronne" n'en a pas fait mention
soit l'enseignant a censuré et poursuivi sa mission de lutte anti-alcoolique !
On notera que le fromage ne se prend qu'à 4 h
et un peu de lait le matin seulement.
C'était du lait de vache; ni chèvre ni mouton chez nous.
Les fruits n'apparaissent pas mais ils devaient être pris sur place
Par ici poires, pommes et prunes abondent aux saisons des champs
ainsi que tous les fruits rouges, sauvages et cultivés
Bon appétit !
38 commentaires -
Par sittelle le 14 Octobre 2009 à 05:28
Lundi 12 Octobre 2009
Péniches et Batellerie
Il fait beau... au bord de l'eau
Défilé de Haute Allure sur la Seine toute guillerette :
Présentation de modèles
Vous choisissez pour vos rêves les plus fous...
Les décors sont de Robert de Meulan
compagnon de Guillaume le Conquérant
devenu Comte de Leicester, vu ?
Merci au Ciel bleu, habituel... aux nuages moëlleux
et à Sire Soleil
avec la participation
du Centre Hospitalier
de la Rive Droite de la belle Seine, côté Meulan
du chemin de halage tout neuf de la Ville des Mureaux
et de nos Mariniers
La P'tite Mouche Parisienne... qui arrêtera sa navette mi-octobre
La Laborieuse, elle remonte le courant, bien chargée...
Attention, tiens ta gauche !
Toujours la cantine flottante amarrée devant l'hôpital...
(même triste nourriture que les malades, d'après les habitué(e)s...)
Le péniche monte sur Paris et le monstre descend...
Capitaine concentré; le pont arrive, mat baissé
Toujours ça qui ne passera pas devant chez nous;
nos poumons remercient...
100 m X 11,40 m Tonnage : 3 056 t ...
Juste, juste, sous le pont...
ça va bien trop vite pour l'appareil-photo
escapade; celle-ci est partie, mais où ?
Cette péniche est toute prête, mais déjà habitée
et bien gardée par les mouettes !
Celle-ci est bien haute, vide; pas de vague, le cygne s'écarte à peine
Madagascar, une habituée : aujourd'hui pelleteuse flottante
Elle travaille double; bien chargée la pousseuse
et il nous reste les voiliers...
...
Ils sortent le week-end avec le Club de Voile
Il ne vous reste plus qu'à choisir.
Pour les commandes et les renseignements : cliquer ci-dessous
Conditions de vente et paiement : sur demande...
Péniches de Rêve, je livre à domicile :
la péniche choisie, l'eau ( au choix Oise ou Seine, uniquement)
sous la péniche, le ciel d'Ile de France tant envié...au-dessus,
le tout accompagné de traces d'accents familiaux :
Ch'ti, Flamand ( mariniers) Bourguignon, Pontoisien, Parigot et Solognot
Le tout, c'est un blot !
30 commentaires -
Par sittelle le 12 Octobre 2009 à 10:00Saint Cloud - Sainte Anneéglise romane en ILE de FRANCE
FLINS SUR SEINEIl faisait beau ce midi du 30 septembre ...
un petit tour dans le Parcpour prendre des photos de l'automne...et surprise ... l'Eglise est ouverte !Evévement... de toute façonil n'y a plus rien à voler,tout ce qui est précieuxest parti depuis longtemps...
Alors, on en profite pour une petite visite,une église romane ancienne,bien ordinaire mais où l'on se sent bien...
Entrez donc, bienvenue !
L'Eglise originelle remonte au début du IX ° siècle, bâtieau pied de la source miraculeuseguérissant le Mal des Ardents...
Le clocher a été rajouté postérieurementaprès construction de la seconde partie de l'église,et sert de porchedescendons...
Saint Cloud, fils de Clodomir,
petit-fils de Clovis,
avait renoncé à son destin de prince pour se
consacrer à Dieu. Il a vécu ses denières années
à St-Cloud, aux portes de Paris.
Sainte Anne étant mère de Marie,
était la grand-mère de Jésus, donc.
Les flinois étant prévoyants, ils ont associé
deux protections dans la même église !
L'autel et au-dessus les verres peints représentant les deux saints :Saint Cloud et Sainte Anne, mère de Marie;Les verres datent du XIX°; ce ne sont pasdes vitraux sertis dans du plomb, réservés aux grands édifices.Pas de riches corporations pour les commandercomme celles de Chartres ou de Troyes; des ruraux.
Ici, la chapelle originelle, dédiée à Marie.Le décapage systématique dans les années '80a complètement enlevé la peinture bleue de la voûte qui dataitde la fin du XIX°, ère mariale dans toute la France
Pilier double transitoire : ici la coquille des JacquetUn des chemins du Nord pour Saint Jacques de Compostelle...
Progression dans les motifs très sobres, des chapitaux :le trèfle, quatre lobes, le carré terrestre,l'homme est ancré dans la matière. Il entre.Il accède ici tout droit à l'autel; c'est une église simplequi n'a pas le cheminement symboliqueet spirituel des églises d'Auvergne...Primitive, elle n'a pas le plan en forme de croix
Piliers suivants : feuille de cresson, trilobes;triangle, pointe en haut : Dieu , la Trinité. Le croyant s'élève
Notre calcaire est facile à travaillerpour des sculpteurs médiévaux; la sobriété est volontaire
Tu as accompagné bien des familles, dans la joie ou les larmes...... les fidèles s'étaient cotisésil y a bien longtemps, enfin je crois.Requiem pour un Harmonium
Bien en hauteur, une statue en bois à la sortieDe quelle époque ? je ne vois pas, c'est trop haut et trop sombre. XVI° siècle, peut-être, est-ce un pélerin ou
un saint avec un bourdon ou un bâton ?On remonte, passant sous le clocher; un peu d'eau bénite
et on ressort en pleine lumière devant le Calvaire.
Tiens, il n'y a plus d'abeilles ?elles ont l'habitude d'y faire un nid, chaque été !
Ici passaient donc les pélerinsallant vers Chartres et ... beaucoup plus loin
Je continue dans le Parc, à bientôt ...
26 commentaires -
Par sittelle le 4 Octobre 2009 à 05:17
Avant d'être un Bal Musette Populaire
la GUINGUETTE
était une voiture à chevaux qui faisait
des navettes souvent journalières
pour aller dans les grandes villes du Vexin et du Mantois
les transports de voyageurs et de marchandises
sont bien organisés en 1810, avant le Chemin de Fer
La Révolution n'est pas loin, les bouleversements divers
n'ont pas arrêté l'activité
Voitures publiques et Messageries :
Où voulez-vous aller ?
Bonnières : les Sieurs Rosnay et Darlat
font partir pour Paris des fourgons
et autres voitures à prix débattus...
Houdan : le Sieur Lethias fait partir tous les jours
des voitures suspendues pour Versailles (Préfecture et Halles)
et Paris à 8-10 et 12 places.
Paris : 4,50 F - Versailles : 3,50 F
Bureau à Paris : rue St Germain l'Auxerrois, n° 12
également Dreux - Verneuil - Laigle - Anet et Ivry (la Bataille)
(on voit ici les antiques routes et les gros marchés, toujours très prisés)
Rue de Gisors Pontoise en 1905 (photo familiale)
dans les 12 chevaux -moteur à crottin , l'or des jardins
(les jardiniers sont prêts : seau,
pelle et balayette, opération immédiate, au plus rapide)
Attelages impressionnants et fort dangereux.
Il fallait des relais très organisés, des cochers costauds et habiles :
1 km de forte descente ici, sur des pavés ronds glissants
jusqu'au Parc aux Charrettes
(beaucoup plus classe que Parking, non ?)
Pontoise : le Sieur Ambuy, dit Dauphiné,
fait partir tous les jours et retour, une voiture à 4 roues
et 10 places, à raison de 2,50 F; elle descend rue de Montmartre,
cour de la Jussienne
Sannois : le sieur Danjou fait partir tous les jours pour Paris
et retour une guinguette à 6 places
à raison de 2,50 F; elle descend rue Montorgueil,
à l'Auberge St Christophe
où on trouve des cabriolets partant à volonté...
Des lignes dans tous les sens, dans chaque gros bourgs...
beaucoup plus pratiques de nos jours, ma foi
nous n'avons que des trains, mais bien loin des villages
peu de lignes de cars...
De guinguette à roulettes
à guinguette à guincher ...
un petit indice :
Les vendanges -------- Vexin - Val de Seine
20 commentaires
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